Fin janvier, à la recherche de mon programme pour cette nouvelle année, je suis tombé sur une petite annonce proposant la location d’une véritable voiture de course la Funyo F5. Il ne s’agissait pas d’un stage cette fois-ci mais cette annonce était pour moi !!
Ni une ni deux je laisse un message pour prendre plus de renseignements. Je suis rapidement recontacté par le propriétaire de la voiture qui n’est autre que Gwenaël Delomier, champion 2015 de la catégorie FUNYO F5 dans le championnat VdeV.
Après quelques discussions par email et téléphone nous tombons d’accord pour réaliser un essai de la voiture fin février sur le circuit F1 de Magny-Cours. Après quelques recherches je m’aperçois que la journée de roulage est assurée par la société Pôle Passion. C’est parfait je vais pouvoir vous raconter comment se passe les trackday avec cet organisateur.
Un trackday … kesako ?
Contrairement à un stage de pilotage ou vous venez suivre un « cours » encadré par un ou plusieurs instructeurs dans un trackday vous venez simplement piloter un véhicule (le vôtre ou un véhicule de location) sur une piste qui vous est mise à disposition par un organisateur qui gère le déroulement de la journée.
Il existe principalement deux sortes d’organisations pour les trackdays :
- L’open pit-lane: la piste est ouverte en continue sur la journée et vous pouvez prendre la piste ou vous arrêter quand vous voulez et combien de temps vous le désirez. Ce mode de fonctionnement suppose que tous les véhicules inscrits sont autorisés à rouler ensemble.
- Le découpage en sessions: le temps de piste est découpé et à la fin de chaque session de roulage toutes les voitures en piste doivent rentrer au stand avant que la session suivante ne puisse commencer. Ce mode de fonctionnement permet d’alterner sur une même journée des roulages de véhicules de différentes catégories comme par exemple des prototypes, des monoplaces et des GT qui ne sont pas autorisées à rouler simultanément.
Revenons-en à nos moutons
Dans les jours précédent ma journée de roulage je scrutais avec attention tous les sites de météo pour savoir si oui ou non le soleil serait de la partie. Et pour mon grand désespoir chacun y allait de sa prévision catastrophique de pluie plus ou moins intense. Je n’avais jamais roulé à Magny Cours sur piste sèche (voir ma séance de coaching en FR2.0) et ce n’était visiblement pas encore pour cette fois-ci.
Mais à la veille du grand jour quelques sites ont timidement changé leurs prévisions pour annoncer quelques éclaircies. C’est donc sans certitude quant aux conditions de piste que je prenais la route à 6h du matin.
Et après 2h30 d’autoroute j’avais la bonne surprise de pénétrer dans l’enceinte du circuit sous un magnifique soleil. Et le plus beau c’est que toute la journée devait finalement se passer au soleil !!
Qu’est-ce qu’on essaye aujourd’hui ?
Une fois arrivé dans le paddock je repère rapidement Gwenaël qui installe la voiture dans un stand à côté de deux Renault Clio Cup toutes neuves et d’une Porsche Cup. Plus loin c’est une Lotus 3 Eleven que son propriétaire prépare, de l’autre côté j’aperçois un prototype Norma M20FC (FC pour Fibre de Carbone !!) qui descend du camion de chez Schatz Compétition.
Finalement il n’y a pas grand monde. Les prévisions météo catastrophiques ont provoqué un grand nombre de désistements. Tant mieux, j’aurais donc la piste pour moi tout seul (ou presque) !!!
Après quelques formalités administratives d’usage et un petit briefing sur le déroulement de la journée et les règles de bonne conduite en piste, je retourne voir Gwenaël pour à régler ma position de pilotage et saluer John avec qui je partagerais le volant aujourd’hui. Puis il est temps d’aller enfiler la tenue de travail pour passer aux choses sérieuses !!
Un pilote doit savoir être patient
Encore un léger contre temps. En effet même si il fait un grand soleil, l’atmosphère de cette fin de février est très fraiche et les forte pluies de la veille ont laissé la piste détrempée. Pas la peine de se précipiter en piste, il vaut mieux attendre que le bitume soit sec.
J’en profite pour aller prendre un café et quelques mignardises sur le buffet très bien garni en sucreries mis à disposition par Pôle Passion. Pendant ce temps les autres participants décident néanmoins de rouler et moi de les observer depuis la voie des stands.
Le temps de piste est découpé en sessions de 30 minutes permettant d’alterner les périodes de roulages dédiés aux autos « fermées » (Clio Cup et Porsche) et celles dédiés aux autos ouvertes comme la Funyo que je vais tester.
Vers 11h30 la piste semble ok et il est temps de partir faire quelques tours d’installation. Gwenaël prend tout d’abord le volant pour mettre la voiture et les pneus en température puis je prends le volant à mon tour. Je suis un peu surpris par la course relativement longue de la pédale de frein et relative facilité du maniement de la boite de vitesse en H. Mais la piste est encore grasse, il n’est donc pas question de faire le mariolle mais simplement de s’acclimater à la voiture et au circuit. Les sensations d’accélération et de vitesse sont déjà très bonnes.
À 12h la piste ferme pour la pause déjeuner, elle ne rouvrira qu’à 14 pour les sessions de l’après-midi. Il est temps de retourner à l’arrière du paddock ou un Truckfood s’est installé pour vendre hamburger et pâtes. Des sucres lents seront les bienvenus pour maintenir concentration et effort au volant.
Présentation de la Funyo F5
Un look très « racing » !
Avec son look de prototype d’endurance, la Funyo 05 est une véritable voiture de course. Elle fait d’ailleurs les beau jour du challenge Funyo durant les meeting VdeV. Son concepteur est un artisan breton passionné de course automobile nommé Yves Orhant. L’objectif de ces voitures est d’offrir du plaisir de pilotage pour un coût maitrisé. D’où le nom de Funyo pour « Fun » accolé aux initiales du créateur Yves Orhant !
Une conception simple et efficace
La F5 est une automobile relativement simple dans sa conception avec un châssis en tube d’acier habillé d’une carrosserie d’un seul tenant en fibre de verre ? Un moteur 2 litres atmosphérique d’origine Peugeot développant 190Cv pour un poids d’environ 590Kg. La Funyo 05 a progressivement remplacé en course l’ancienne version Funyo 04, dont elle dérive étroitement. A noter qu’il existe un kit d’adaptation permettant de transformer une Funyo 04 en Funyo 05.
L’originalité de l’auto est qu’un grand nombre des pièces de l’auto sont issus des véhicules de série comme le moteur, la boite de vitesse ou les freins ou les amortisseurs. Ceci afin de réduire autant que possible le coût du véhicule et son entretien.
La voiture mesure 3m50 de longueur pour 1m70 de largeur. Et à peine 1m08 de hauteur (à l’arceau). Autant dire que vous êtes installé au ras du sol. Elle est présentée comme « bi-places » mais son habitacle étroit limite fortement la taille de l’éventuel passager !!
Elle repose sur des roues de 13 pouces chaussées de pneus de 210 mm de largeur à l’avant et 250mm de largeur à l’arrière. Malgré un gros aileron à l’arrière et un semblant de diffuseur il y a très peu d’aérodynamique sur cette auto. Du moins comparée à une monoplace de Formule Renault ou à un prototype type 24 heures du Mans. Quoiqu’il en soit, le rapport poids puissance et la bonne tenue du châssis en fond une auto très rapide. Le grip mécanique est juste hallucinant.
La boite en H à 5 vitesse est agréable à manier. Mais certains rapport sont assez accrocheurs. C’est en particulier le cas de la montée du 2ième au 3ième rapport.
Ou il est question des freins
Selon moi le vrai bémol concerne les freins à disques « mono piston ». Il sont un peu faibles à mon goût. Les performances gagneraient clairement à utiliser des freins plus puissants.
Les Funyo officient au sein d’un championnat qui leur est dédié lors du meeting des sériés VdeV. Chaque week-end de course offre un temps de roulage important avec 3 courses sprint de 20 minutes, 1h d’essais et 15minutes de qualification. En 2016 les F5 cohabiterons avec une nouvelle génération de Funyo plus modernes et plus puissantes (et aussi plus chères), les Funyo SP 05.
Plusieurs pilotes Funyo ont réussi à accéder aux niveaux supérieurs du sport automobile. A l’image de Gwenaël Delomier qui évolue en 2016 dans la catégorie prototype CN. Il pilote l’une des Ligier JSP53 evo 2 du team IDEC Sport.
Et c’est reparti !!
Après un déjeuner au soleil il est temps de reprendre le volant de la Funyo. La piste est parfaitement sèche cette fois. Je vais effectuer deux séries de 4 à 5 tours en augmentant progressivement le rythme. La voiture se manie facilement et répond bien aux sollicitations. On sent clairement que le châssis est bien réglé et efficace.
C’est sous un soleil d’hiver qui commence déjà à décliner lorsque je reprends la piste une dernière fois. Je conclus par un relais complet de 30 minutes. Je sens que les pneus sont plus difficile à faire monter en température que lors des roulages précédents. Résultat, la voiture glisse beaucoup plus. J’allume plusieurs fois la roue avant gauche au freinage du 180°. Il faut la brusquer un peu plus. Mais une fois en température, l’adhérence augmente très significativement et je recommence à améliorer les chronos.
Ces quelques tours ne me suffisent pas pour oser aller chercher les limites d’adhérence dans les grandes courbes. Mais le potentiel est là et il semble démoniaque.
La Funyo est particulièrement attachante à piloter. Elle offre de très belles sensations, même si on aurait aimé des freins plus puissants. Je n’ai qu’une hâte c’est de remonter à bord pour la piloter … et pourquoi pas en course !
A noter : Pôle Passion fait venir un photographe professionnel pour immortaliser la journée (photos en supplément).